Extrait d'un atelier musique
Écoute de Gnossienne n°1 d'Erik Satie
interprêtée avec excellence à la guitare par Roland Dyens.
J'avais choisi ce morceau pour
démarrer un atelier musique à la résidence du Nil. Après l'avoir
écouté moi-même, j'avais ressenti une impression de tourner en
rond, comme l'on fait quand on a des idées noires qui tournent dans la
tête. L'autre jour ma fille revient avec un devoir qui m'interpelle.
Une image à analyser: des hommes marchant l'un à côté de l'autre,
un ballon à la main. Non pas un ballon, un nuage attaché au
poignet. Ils marchent l'un à côté de l'autre mais ne se voient
pas, ils courbent le dos et regardent leurs pieds.
Mon idée était de leur faire lâcher
un ballon imaginaire, ce ballon d'idées noires, pour après,
expérimenter le triangle, comme une baguette magique qui permet de
cueillir l'instant, de crever le nuage et retrouver une éclaircie,
une étincelle qui éclaire tout d'un jour nouveau. Comme le regard
de l'enfant qui s'étonne, interroge, avide de découvrir et
d'apprendre. Rallumer notre regard pour casser la routine, mot
détesté entre tous. Routine, fatalité, mort.
Lorsque je leur fais écouter le
morceau en question, bande de lancement de ma séance, je vois les
figures s'allonger, se décomposer, je regrette aussitôt d'avoir
choisi ce morceau, beau certes , mais qui a une action encore plus forte sur elles que
sur moi. Il déclenche en elles de l'émotion, de la tristesse, de la nostalgie, de
l'abattement, elles qui sont presque continuellement plongées dans
la routine. Routine que je m'efforce d'ailleurs de rompre à chaque fois.
J'arrête la musique, ne pouvant supporter un instant de plus de voir
leur figure. Je leur propose alors de lâcher chacune un ballon
imaginaire représentant leurs soucis, idées noires,... Les visages
s'éclairent d'un seul coup! Puis, je leur fais entendre le son
produit par le triangle, un coup, comme une baguette magique qui nous
refraîchit, nous redonne l'esprit d'enfance. Toutes expérimentent
le triangle, chacune à sa façon. Nous découvrons aussi que
lorsqu'il est frappé rapidement et intensément plusieurs fois
d'affilée, la vibration se prolonge et le silence nait, un silence
après lequel tout peut naître, reposant, réparateur, porteur
d'espoir. Puis je leur fais entendre « Les fées » d'Yves
Duteil, morceau incarnant l'esprit d'enfance par excellence, elles
s'émerveillent...
La monotonie est rompue, la sale routine qui tue la vie est remplacée par un regard étonné, émerveillé. J'ai gagné encore une fois et mon coeur est en fête.
La monotonie est rompue, la sale routine qui tue la vie est remplacée par un regard étonné, émerveillé. J'ai gagné encore une fois et mon coeur est en fête.
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