Le regard, miroir de l'âme, un puissant moyen de communication

Aujourd'hui encore, je suis frappée par la puissance de communication contenue dans le regard.
Pour s'exprimer la personne peut utiliser un ou plusieurs canaux de communication qui lui sont propres: le geste, la voix, le chant, le langage verbal, l'instrument, la danse. A cela s'ajoute l'attitude corporelle, l'expression du visage, le regard qui expriment par eux-mêmes un ressenti et nous le communiquent si l'on apprend à comprendre leur langage.
Les yeux, organe de la vision, sont animés d'un pouvoir d'expression très fort qu'on appelle le regard, véritable miroir de l'âme. C'est tout un monde que l'on peut percevoir dans un regard. Celui-ci prend vie de façon intense lorsque la personne cherche à communiquer avec quelqu'un.
Voici quelques exemples tirés d'ateliers musique vécus voilà peu à la résidence du Nil.


S. improvise une longue mélopée, je tiens le tambourin avec elle, durant toute son impro, son regard est plongé dans le mien, expressif, sorte de miroir de son impro, semblant animé par la volonté de me transmettre quelque chose. Le son, le rythme, le timbre du tambourin accompagné de ce regard m'a traversé de part en part. J'ai soutenu ce regard comme une antenne qui reçoit le message d'une autre antenne sauf que ce n'était pas une antenne mais un être vivant écoutant un autre être vivant, le recevant, l'acceptant comme une personne avec toute sa valeur, sa personnalité.


M. qui est agitée à son arrivée, refuse d'abord verbalement avec force de participer à l'impro vécue à ce moment par le groupe. Peu à peu, après une expression vocale commune qui débouche sur un chant,  elle semble s'apaiser. Tout de suite après, lors de la danse, elle me donne ses deux mains et nous dansons avec les bras sur "Scandale dans la famille" de S. Distel. Ses gestes sont vifs, c'est elle qui mène la danse. Elle chante certaines paroles, en appuyant sur certains mots, le regard rivé dans le mien, je ressens une certaine complicité, un amusement non feint, une volonté de s'exprimer avec force et un certain goût de vivre.


Le regard de L., lors de la danse aussi ne quitte pas le mien, il contient une complicité mêlée de joie partagée.


G., elle avait un regard doux, un peu triste mais quand-même teinté de joie ébauchée, comme une fenêtre qui s'entrouvre à la lumière mais qui ne s'ouvre pas tout à fait.


Et je terminerai par Ge. qui par la danse redevient vraiment elle-même, son corps se détend, entre dans le rythme, devient souple, son regard perd de son expression angoissée, il devient enjoué, elle va jusqu'à rire et me dit un jour: "je suis saoûle!". Elle est transfigurée par ce canal d'expression qu'est pour elle la danse et qui la fait littéralement revivre. J'apprends par sa fille que la danse fait partie de sa vie de famille et est donc un moyen de renouer avec elle-même.


Le regard est donc un moyen d'expression par lui-même, il peut exprimer la joie, la tristesse, la solitude, l'angoisse, la haine... Lorsque la communication s'ouvre, il s'ouvre aussi comme une fenêtre s'ouvre au printemps, à la vie.